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Restauration de la tourbière du Crossat

Travaux 2005

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Suite à une étude menée par le bureau d'études suisse LIN'eco, une première phase de travaux a été menée du 16 au 18 août 2005. Un drain profond a été comblé à l'aide de tourbe prélevée sur place, permettant dans le même temps la création de 5 mares tourbeuses favorables aux invertébrés aquatiques de milieux acides (Odonates, Coléoptères aquatiques …). Des bouchons à l'aide de bois ont permis de consolider cette opération.
Le chantier, financé par la DIREN Franche-Comté et confié à BON Nat'tech, a été précédé par une cartographie phytosociologique du secteur (Conservatoire Botanique de Franche-Comté) et par des relevés entomologiques réalisés par notre association.

Résultats :

Ces travaux ont permis une remontée de la nappe d'eau localement, un redémarrage du processus de turbification et la sauvegarde d'espèces entomologiques menacées par la fermeture de l'ensemble des fosses de la tourbière. Dès 2006, des gains odonatologiques importants ont été enregistrés, avec l'arrivée d'espèces prestigieuses : Leucorrhine à gros thorax (Leucorrhinia pectoralis), Aeshne subarctique (Aeshna subarctica), Sympetrum noir (Sympetrum danae)…

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Travaux 2007

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Un second secteur plus important fut réhabilité du 13 au 21 septembre 2007, suite à un avant-projet détaillé réalisé par le bureau d'études suisse LIN'eco. Le financement fut assuré par Réseau Ferré de France (RFF) dans le cadre des mesures supplémentaires pour l'environnement de la Ligne à Grande Vitesse Rhin/Rhône. Les travaux furent confiés à l'entreprise locale Jura NATURA Services.

Objectif :
Compte-tenu du milieu trop sec, sans possibilité de combler des canaux de drainage, et de la fermeture par le bouleau, il a été préconisé de creuser des bassins peu profonds, en terrasse.

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La clairière, de par son étendue et sa topographie en deux paliers, se prête bien à l'aménagement de vastes bassins très peu profonds, destinés à fonctionner comme accumulateurs d'eau. De tels biotopes sont très favorables à la restauration rapide de groupements de tourbières de transition. Les parties en trop fortes pentes (>1%) devraient être aménagées en bassins successifs, de manière à retenir l'eau et à en prolonger le plus possible le cheminement.

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Les habitats à restaurer consistent surtout en des mares de tourbières de transition, destinées à recréer un acrotelm (littéralement la partie supérieure « vivante » de la tourbière) lequel, en accumulant à nouveau de la tourbe à sphaignes, prépare le terrain pour le retour des groupements du complexe de buttes et de replats caractéristiques des tourbières hautes.

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Le surcreusage des bassins, par endroits et sur une profondeur supplémentaire de 1m au maximum, doit permettre l'aménagement de mares un peu plus profondes et favorables aux populations d'invertébrés aquatiques des tourbières.

Principe de base :
Afin d'améliorer la rétention de l'eau dans toute la zone, il fallait par conséquent:

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  • Retravailler la surface trop inclinée de toute la zone d'étude et ramener la pente au-dessous du seuil critique de 1%. Sur un terrain en pente, cela ne peut se faire que grâce à l'aménagement de bassins en terrasses successives.

  • Aménager 9 bassins d'eau libre peu profonds afin de stocker un maximum d'eau, nécessaire à la régénération d'un tapis de sphaignes continu. De plus, une surface d'eau libre présente une évaporation nettement plus faible qu'une surface équivalente recouverte de végétation et permet par conséquent de minimiser les fluctuations du niveau de l'eau.

Plan d'exécution :
En tenant compte de la topographie des différents secteurs ainsi que de la distribution d'un certain nombre de fossés peu profonds et fermés, dans lesquels la régénération de tremblants à sphaignes a pu avoir lieu, nous avons pu concevoir un réseau de digues délimitant 9 bassins à creuser sur la zone étudiée. La figure ci-dessous illustre la disposition des bassins et digues.

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Quelques images du chantier :

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Images 1 et 2 : creusement des bassins
Images 3 et 4 : création d'une digue pour stocker la tourbe et surveillance des travaux
Images 5 et 6 : les bassins en cours de remplissage (octobre) et pleins (décembre)

Perspectives :
Ces aménagements présentés doivent permettre la réimplantation naturelle des sphaignes et le développement d'un tapis continu de ces dernières. Les conditions hydrophysiques (niveau moyen de l'eau dans le sol, alimentation continue depuis l'ouest) et hydrochimiques (faible minérotrophie) peuvent en effet être considérées comme optimales, comme en témoignent la régénération de tremblants à sphaignes dans les petits fossés existants et les informations recueillies au cours de l'étude hydro-écologique de 2005.

Par analogie avec le développement de la végétation dans la zone située quelque peu en amont de celle à aménager, et où la régénération de la tourbière est en cours à la faveur de conditions écologiques plus favorables, on peut donc prévoir la régénération de la zone à aménager de la façon suivante:

  • A court terme (10 ans) : recolonisation progressive des bassins inondés par un tremblant de sphaignes à partir des berges et dans les zones optimales le long du gradient d'humidité généré par le pan incliné du fond des bassins.

  • A moyen terme (20 à 30 ans) : régénération d'un tapis continu de sphaignes formant un acrotelm (zone superficielle de croissance du marais par accumulation de tourbe) avec un cortège floristique caractéristique comprenant au moins la canneberge et la linaigrette engainante, ainsi que la formation progressive de buttes à sphaignes de Magellan. Les zones les plus profondes restent cependant en eau libre et continuent de profiter aux invertébrés aquatiques.

  • A long terme (50 à 100 ans) : comblement progressif des bassins, y compris des fosses plus profondes, et croissance de l'acrotelm jusqu'au sommet des digues délimitant les bassins. Reconstitution d'un profil bombé caractéristique du haut-marais et poursuite de la croissance de ce dernier.

Premiers résultats :
Dès 2008, les fosses, complètement remplies, donnèrent une forte impression de rétention d'eau. Ce secteur, auparavant si sec et soumis à de fortes variations du niveau d'eau, retrouva son humidité naturelle.

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Même si de nouvelles espèces ne furent pas observées, le peuplement odonatologique s'est fortement diversifié depuis les travaux. La Leucorrhine douteuse (Leucorrhinia dubia) a colonisé l'ensemble des fosses acides, et la Leucorrhine à gros thorax (Leucorrhinia pectoralis) fut observée à quelques reprises.

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Mais c'est l'avifaune qui nous réserva la meilleure surprise avec l'utilisation très importante du secteur réhabilité par la Sarcelle d'hiver. D'abord en migration, avec de nombreux groupes observés sur les mares, puis surtout en période de nidification, avec une femelle pondant un œuf à l'envol en juin 2008. La présence de l'espèce étant avérée à nouveau au printemps 2009, nos observations ont permis de découvrir une nichée avec 5 poussins le 21 juillet 2009. Il s'agit de la seconde mention de reproduction pour la Sarcelle d'hiver en Franche-Comté.

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